Auteur: Bigflo & Oli
Marque: A&M Records France
Date de sortie: 01-06-2015
Détails: Critique À en croire l’engouement qui a accompagné la sortie de leur EP « Le Trac » en 2014, le renouveau du rap passe par ces deux jeunes MC, Bigflo et Oli, alias Florian et Olivio, respectivement âgés de 22 et 18 ans. Ces « petits frères » toulousains font la différence par la sincérité de leur propos et le contrepied assumé au lissage par le bas du vocabulaire et des thèmes développés dans la frange commerciale du hip-hop français. La sainte trinité grosses cylindrées, argent et filles faciles. Avec malice, ils moquent les clichés qui collent à ce genre musical qu’ils chérissent pourtant depuis leur enfance. Passée la curiosité de cette première livraison, les deux rappeurs ont eu à cœur de ne pas laisser retomber le soufflé et de concevoir rapidement leur premier effort. Judicieusement baptisé La Cour des Grands, à laquelle ils aspirent, ce disque déborde de l’envie d’en découdre : pas moins de dix-huit morceaux y sont rassemblés pour un total d’une heure et quart. Autant dire qu’ils n’y sont pas allés à l’économie et ont utilisé à plein la capacité de stockage d’un CD à la minute près. Cette générosité se retrouve dans les textes, par leur longueur (une vraie gageure en vue de la scène), mais aussi par leur richesse – même si l’on peut regretter ça et là quelques facilités juvéniles. Aussi bavards que ciselés, ils sont envoyés avec une aisance admirable. Leur flow est notamment irréprochable sur des titres comme « Gangsta » ou « Nous aussi », fourmillant d’allitérations et surtout servis par une qualité de prononciation dont ils s’amusent dans ce dernier, choisi comme single : « C’est marrant, ils vont vite, mais on comprend tout. Merci Madame, faudra s’y habituer. Même si, en France, les rappeurs ne savent pas articuler. Putain, mais dis quelque chose, trouve-toi un orthophoniste, un vrai travail ou une cause. » En retour à ces banderilles bien senties, les deux rappeurs anticipent les critiques de leurs aînés, pratiquant l’autodérision à longueur de rimes à l’instar de « Je suis aussi bon avec les filles qu’un manchot aux fléchettes » ( « C’est qui ces deux-là »). Bigflo et Oli sont en équilibre constant entre cet humour corrosif et des sujets beaucoup plus sombres : la mort et le cancer dans « J’attends la vague », des faits divers récents comme « Le Bijoutier », un accident de voiture dans « Marco » ou même l’avortement au détour du « Cordon ». Et, à l’instar de cette dernière, ils ont l’intelligence de le faire en adoptant des points de vue originaux, comme celui de l’enfant non désiré, puis celui de la mère, sans jamais condamner ou verser dans le pathos. Pour ne rien gâcher, Bigflo et Oli affichent une solide connaissance musicale, intégrant des instruments organiques qu’ils pratiquent comme la trompette, qui se taille une place de choix sur « C’est pas du rap » et « Le Philosophe sans barbe ». Romuald Ollivier – Copyright 2019 Music Story
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